mercredi 8 février 2012

Pour les opint, combien de bataillons ?

Conférence après conférence, le cocotier est secoué... même si les noix de coco ne tombent pas forcément de l'arbre. Ce mardi soir, Prospective défense interrogeait sur le bon format pour que l'armée de terre puisse répondre à des crises majeures. Si l'on n'a pas eu de réponses à tout, on a bien compris, avec les expériences américaines sur Katrina, ou celle, japonaise, sur Fukushima, qu'il fallait rester très modestes et ne pas virer dans le don de leçons.
En 2005, les Etats-Unis ont réussi à amortir le choc grâce à la mobilisation de la garde nationale, a rappelé Thomas Benz, conseiller à l'ambassade américaine à Paris. La garde nationale est un outil rodé qui s'entraîne 45 jours par an (de quoi faire jubiler les réservistes français...). En quelques jours, 10.000 gardes furent engagés, avec un pic qui culmina à 50.000. La moitié de ce qui reste de l'armée de terre française.
Le diplomate n'a pas évoqué, cependant, que bien des hélicoptères (Blackhawk et Chinook) étaient alors mobilisés en Irak, donc loin des contribuable à évacuer. Le contribuable américain n'a pas apprécié. Eurocopter lui doit, en quelque sorte, l'achat de centaines d'hélicoptères Lakota...
Au Japon, ce sont plus de 100.000 soldats qui ont été mobilisés dans l'armée de terre (70.000 sur 135.000), la marine (14.000 sur 45.000) et l'armée de l'air (22.000 sur 50.000). C'est évidemment presque facile pour des Japonais qui n'ont pas d'opex ou de troupes prépositionnées. Mais quand même : le jour où une centrale aura des soucis, le Français n'aura que faire des poussiers de République, ou des opex qu'il ne comprend pas.
Si l'on se base sur le pic d'activité de l'ALAT à la fin du printemps (90 hélicoptères mobilisés dans le cycle opérationnel et les astreintes), on s'interroge aussi sur la capacité à répondre de façon réaliste et durable aux contrats d'astreintes nationales (1). Le débat sur le format de l'aéromobilité des armées, et en premier lieu de l'ALAT, n'est donc pas un caprice. Au moment où les tentations de réduire les achats d'engins neufs, mais aussi de réduire les crédits d'entretien programmé des matériels n'ont jamais été aussi fortes.

(1) ne soyons pas cruels, la France ne détient pas, comme les Japonais, d'hélicoptères lourds. Rappelons qu'un Puma, en centre-Europe et à altitude zéro transporte dix personnes... soit deux de plus que l'EC145 de la gendarmerie ou de la sécurité civile... et moitié moins qu'un Caïman.