mercredi 29 juin 2011

Deux de moins

Une vallée de l'est de la Kapisa (crédit : Jean-Marc Tanguy).

La libération des deux journalistes de France 3, une libération aussi pour leur familles, qui attendaient depuis un an et demi, est aussi une libération pour les très nombreux intervenants qui y ont concouru. Depuis la fin décembre, la DGSE avait ouvert une salle opérationnelle consacrée au sujet, une cellule qui fonctionne 24 heures sur 24 depuis. A chaque affaire de ce type, c'est ainsi que procède la centrale française, et c'est le cas pour au moins trois cas encore en cours : en Somalie (un agent de la DGSE y est retenu depuis 716 jours), au Sahel (quatre travailleurs du nucléaire), et au Yémen (trois humanitaires), il reste huit Français en captivité. Détenus parce qu'ils sont français. Un niveau d'activité qui  pèse parfois sur la DGSE, pas forcément taillée pour cumuler autant de dossiers en simultané.
La libération de deux journalistes va permettre de fermer cette salle. Le dossier sera totalement clos avec le "débriefing" des deux otages : un sas par lequel tous passent.
Dans le cas des deux journalistes de France 3, des renforts importants de la DGSE (CPIS) ont aussi été injectés, très tôt, en Afghanistan, pour traiter localement ce sujet particulièrement ardu.
Ce n'est plus un scoop, d'importants moyens en forces spéciales ont aussi rallié l'Afghanistan. Ce qui fut longtemps l'objet d'une chape de plomb a été accrédité par la mort d'un commando marine, en décembre dernier. On peut le dire aujourd'hui, le SM Jonathan Lefort, est mort le 18 décembre à proximité de la zone de détention présumée des deux otages.
Une opération de libération d'otages, par nature risquée, n'a pas été privilégiée par le pouvoir politique (1) : c'était cependant l'ultime recours, si les négociations, menées par la DGSE, n'avaient pas abouti. C'est vraisemblablement le versement d'une rançon, et la libération d'insurgés, demandés par les ravisseurs, qui a permis de dénouer leur libération.
Le premier ministre l'a rappelé à l'assemblée nationale, cette après-midi : ce dossier, comme tous les autres a mobilisé un grand nombre d'hommes et de femmes de l'ombre.
Il a aussi mobilisé l'outil de renseignement français, comme les drones Harfang de l'armée de l'air, qui, fin décembre 2009, avaient volé 53 heures en continu, dans un créneau de 63 heures, dans l'espoir de retrouver la trace de deux disparus. La confusion aidant, la nouvelle de l'enlèvement n'avait pas été immédiatement connue, le 30 décembre.
Aucune facture ne peut être présentée, pour la liberté de deux hommes. Quelques rappels factuels n'étaient pas, néanmoins, totalement inutiles.

(1) et d'autant moins après l'opération de la Tanit, et de la tentative de libération de deux otages au Sahel, en janvier dernier.