dimanche 24 avril 2011

Pourquoi il faut étudier le rachat des Cougar néerlandais

La France n'a que très rarement acheté des surplus à ses alliés. Néanmoins, la gravité de la situation de l'aéromobilité française, décrite il y a déjà plusieurs années par des rapports parlementaires successifs, impose de prendre rapidement des mesures. Pour préparer ses équipages à l'Afghanistan, où opèrent 13 hélicoptères, l'ALAT a eu beaucoup de mal à en aligner autant, lors d'un contrôle opérationnel effectué la semaine dernière, à Pau.
La tension est particulièrement perceptible sur la flotte Cougar (23 appareils), du fait du fort taux de déploiement de ses appareils (3 en Afghanistan, au moins autant en Afrique) et d'une opération de rétrofit de la flotte.
Cette opération doit durer au moins trois ans, mais la situation ne se simplifiera pas par la suite. Car les Puma, actuelle bête de somme de l'ALAT, ne seront bientôt plus que 48. Le calcul partait du principe que le NH90 arriverait à l'heure et en nombre. Mais il y a peu de chances, après 2012, que tous les beaux modèles élaborés survivent à la réalité budgétaire et polotique. Au mieux, le programme NH90 sera étalé, au pire, amputé et étalé.
Bien sûr, il serait possible d'étaler le retrait des Puma français. Mais ces appareils n'ont pas la capacité d'emport des Cougar. Et leur âge -le Puma est né en 1967- les condame. L'appareil a déjà connu de multiples problèmes liés à son âge.
Le Cougar est un bon compromis. Et les Cougar néerlandais, plus que les autres, puisque ces appareils, utilisés en Afghanistan, ont de meilleures capacités d'autoprotection que les nôtres.
Il faut donc se pencher sur le rachat de ces capacités : elles seront disponibles assez vite, et au prix de l'occasion. Le gouvernement a dit qu'il ne conserverait que trois appareils sur les 17 actuels, dans l'attente du... NH90.
Quitte, même, à défendre auprès de l'UE une forme de financement : l'UE défend depuis des années le fait qu'il n'y a pas assez d'hélicoptères, etc (1). La France peut ainsi défendre son leadership, et défendre le noyau d'une unité européenne. En Europe, Français, Espagnols, Grecs, Allemands (et donc les Néerlandais, et même les Suisses, qui ne sont pas membres de l'UE...) utilisent des Cougar/Super Puma : les volontaires ne manqueraient donc pas.
Aujourd'hui, toutes les crises, y compris les crises intérieures, nécessitent des hélicoptères. Il n'est même plus question d'en avoir suffisamment, mais de les avoir en état de vol au moment où on en aura besoin.
Le rendez-vous néerlandais ne peut être manqué. On a déjà manqué le rendez-vous d'un rachat de CH-53 allemands, qui nous auraient bien facilité la vie, en Afghanistan. Evitons une deuxième erreur que l'on paiera forcément comptant.

(1) on avait eu beaucoup de mal à trouver dix malheureux hélicoptères pour l'Eufor Tchad/RCA. Depuis, l'UE et l'OTAN ont financé quelques programmes en faveur des hélicoptères du bloc de l'est. Mais on le voit bien avec la question libyenne, les pays de l'est ne sont pas très motivés par les questions géopolitiques, et la situation de leurs voisins. Peu d'entre eux (Pologne, Tchéquie) ont d'ailleurs déployé des hélicoptères en Afghanistan...