vendredi 18 mars 2011

L'industrie de défense en deuxième ligne

Certains industriels français ne s'en cachent même pas : les opérations aériennes à venir vont constituer une excellente publicité pour leurs matériels, après un annus horribilis en 2010 à l'export (1). Pour autant, évidemment, que ces matériels croisent les caméras de télévision et les focales des appareils photos : or, pour l'instant, rien ne semble aller dans ce sens. Le conseil de sécurité de l'ONU semble avoir pris tout le monde de court, communiquants compris.
Cette confusion ambiante est somme toute logique : tant que le président n'a pas parlé, pas un communiquant sensé n'irait se hasarder à livrer ne serait-ce qu'une bribe d'information. D'autres invoquent la discrétion nécessaire des opérations, argument qui peu s'entendre.
Mais ces débuts inquiètent, car un label "combat proven" (éprouvé au feu) ne suffit pas, s'il n'est pas accompagné du faire savoir. Les industriels le savent, qui nourrissent leur communication avec les photos des matériels engagés en Afghanistan, par exemple.
Mais seulement quand les images existent.
Chez Eurocopter, certains n'ont pas caché avoir souffert de la non-médiatisation de l'engagement du Tigre (2), en Afghanistan, en 2009 et début 2010, ce qui a contribué à handicaper la commercialisation de son hélicoptère. Qui, de fait, n'a enregistré aucun contrat majeur, malgré son bilan afghan. Bien médiatisé, le Caracal s'est par contre bien vendu, au Brésil (50 pièces) et au Mexique.
Ce ressenti n'est pas isolé, dans l'industrie de défense. Il s'est réédité quelques mois plus tard, avec le DRAC.

(1) le missilier européen MBDA constatait ainsi mardi avoir manqué, en 2010, d'un grand contrat.
(2) L'EMA avait, à l'époque interdit la communication autour de l'engin.