mercredi 2 février 2011

Bajolet veut ouvrir la DCRI aux non-policiers

Sans qu'on puisse encore parler de testament, le coordonnateur national du renseignement, Bernard Bajolet, donné partant en Afghanistan, a transmis de nombreuses pistes de réflexions aux députés de la commission de Défense, lors d'une récente audition. Il a donc, d'abord, évoqué l'ouverture de la DCRI (issue de la fusion de la DST et de la DCRG) à des non-policiers (1). L'ancien ambassadeur français à Bagdad justifie ainsi son idée : "En effet, le renseignement se diversifie et touche désormais les domaines économiques – dans lequel la DCRI accomplit un travail remarquable – ou technique. À cet égard, elle doit pouvoir participer aux efforts de mutualisation. Or, en l’état actuel des choses, les moyens de ces deux services (DGSE et DCRI, NDLR) ne sont pas équivalents."
Il rappelle aussi qu'en matière d'intelligence économique et de protection du patrimoine technologique, la DCRI entretient des liens avec 8.000 entreprises, et la DPSD, 2.000 (2).
En reprenant quelques exemples récents, Bernard Bajolet constate aussi que "le dispositif de l’État ne pourvoit pas suffisamment à la fonction de prospective (...) Or, l’anticipation (celle de connaissance et anticipation, grande fonction du Livre Blanc, NDLR) ne se limite pas au renseignement ; elle touche aussi à la prospective. Hélas, celle-ci n’est pas organisée au niveau interministériel (...) De surcroît, la prospective n’est pas toujours envisagée de façon opérationnelle. Au-delà de la simple spéculation, elle doit présenter des scénarios et déboucher sur des politiques concrètes. Aujourd’hui, cette fonction n’est pas assumée". Et d'imaginer cette fonction développée au sein du SGDSN.
Sur les derniers récents dossiers sahéliens, le coordonnateur est resté volontairement discret, en reconnaissant toutefois avoir été "surpris" que l'enlèvement de nos compatriotes "intervienne en plein cœur de Niamey, ce qui illustre l’audace croissante des preneurs d’otages".
Enfin, en matière de lutte contre le trafic, il appelle à "renforcer les synergies" entre les différents acteurs : marine, douanes et services de renseignement.

(1) Assez régulièrement, les gendarmes font savoir qu'ils se verraient bien intégrer la DCRI.
(2) rappelons par ailleurs le travail réalisé, en province, par la gendarmerie, auprès des PME/PMI.